Deux dialogues avec les origines — l’un creusant les mythes fondateurs, l’autre interrogeant les héritages d’un roi oublié.
Essais : entre mémoire des anciens et vertige de la pensée
Les essais présentés ici ne sont ni dogmes ni discours figés. Ce sont des chemins de pensée, creusés à même les tablettes d’argile, les rêves assyriens et les intuitions contemporaines. Ils font dialoguer les mythes fondateurs et les grandes questions humaines, explorant le temps long de la sagesse tout en interrogeant l’écho qu’elle laisse en nous.
Qu’il s’agisse d’une fresque sur les dieux mésopotamiens ou d’un dialogue nocturne avec un roi disparu, chaque texte vise à éclairer notre rapport au pouvoir, à la connaissance, à la violence ou à l’altérité.
Ces essais ne cherchent pas à conclure, mais à ouvrir. À réveiller les voix anciennes qui dorment en nous — et à tracer, peut-être, de nouveaux sentiers vers l’humain.
Assurbanipal
Assurbanipal est une méditation philosophique et poétique sur la mémoire, le pouvoir et le temps. À travers le regard d’Alexandre, un historien contemporain fasciné par l’ancienne Mésopotamie, le lecteur plonge dans une nuit hors du temps, où passé et présent se rejoignent. Dans un rêve éveillé ou une vision onirique, Alexandre se retrouve face à Assurbanipal, roi assyrien lettré et conquérant, dans la bibliothèque mythique de Ninive. Ce dialogue entre les siècles devient le théâtre d’une quête de vérité et d’une réflexion sur le destin humain.
Le texte déroule une série de conversations profondes entre les deux hommes sur les grandes questions de l’humanité : la violence, l’amour, le savoir et le pouvoir. Le roi évoque la guerre avec lucidité, assumant la cruauté nécessaire au maintien de l’ordre, tandis qu’Alexandre lui oppose les hypocrisies et les paradoxes de la guerre moderne. Leurs échanges mêlent les sagesses anciennes aux dilemmes contemporains, avec une intensité rare, servie par une langue évocatrice et sensorielle.
Mais le cœur de l’essai réside dans la confrontation entre deux visions du monde : l’une hiérarchique et sacrée, où chaque geste est pesé sous le regard des dieux, l’autre démocratique et fragmentée, où la vérité se cherche dans un vacarme de voix égales. À travers cette tension, le lecteur est invité à s’interroger sur les limites de la modernité, sur le sens profond de la mémoire et sur la responsabilité de transmettre.
Le texte est aussi une célébration de l’écriture comme acte de résistance au temps. Assurbanipal, roi-scribe, voit dans ses tablettes d’argile des barques jetées sur l’océan des siècles. Alexandre, historien du XXIe siècle, y répond par ses propres archives numériques. Tous deux sont des passeurs de mémoire, réunis par une même passion : comprendre ce qui fait l’humanité au-delà des époques.
Entre essai philosophique, fiction historique et rêverie érudite, Assurbanipal est une œuvre singulière, d’une richesse profonde. Elle ravive les échos d’une sagesse oubliée pour mieux interroger le présent. En prêtant sa voix à un roi disparu, l’auteur nous offre un miroir tendu à notre époque troublée — un miroir où se reflètent, avec une acuité saisissante, nos propres contradictions et aspirations.
Annunaki
Anunnaki plonge le lecteur dans les profondeurs originelles du chaos mésopotamien, là où l’océan primordial d’Apsû et Tiamat enfante les premières divinités. Ces forces créatrices, encore indifférenciées, engendrent les dieux anciens, puis les jeunes générations plus turbulentes. L’harmonie initiale se brise peu à peu, précipitant l’univers vers une lutte inévitable entre le chaos ancestral et le nouvel ordre divin incarné par Marduk, fils d’Enki.
La narration suit la montée en puissance de Marduk, héros solaire né dans les abîmes, dont la destinée le conduit à affronter Tiamat, la mère primordiale. En orchestrant un duel cosmique, il impose une nouvelle structure à l’univers. Tiamat, incarnation du désordre et du pouvoir féminin archaïque, devient, une fois vaincue, la matière même du monde. Le ciel, la terre, les étoiles et les mers naissent de son corps disloqué, dans une inversion totale de l’acte de guerre en acte de création.
Mais cette victoire s’accompagne de réflexions profondes sur l’équilibre fragile entre ordre et chaos. Marduk, auréolé de pouvoir, ne cherche pas à abolir le désordre, mais à en canaliser la puissance pour fonder un cosmos durable. Il crée les Igigi, divinités intermédiaires, et prépare l’émergence de l’humanité. Cette tension permanente entre puissance créatrice et menace de dissolution devient le fil conducteur du récit.
À travers cette fresque, Anunnaki interroge les racines de nos mythes fondateurs et les figures archétypales du pouvoir, de la rébellion, et de la sagesse. C’est un récit poétique, philosophique et symbolique, qui propose une lecture contemporaine des épopées sumériennes et babyloniennes tout en offrant une résonance universelle sur la condition humaine, notre rapport au sacré, et notre quête d’équilibre dans un monde né de la fureur et de la lumière.